samedi 7 septembre 2013

I'm Here, la poésie de Spike Jonze

Je ne connais pas très bien l'œuvre de Spike Jonze - en fait, je n'avais entendu parler de lui qu'à cause de Jackass, la bande de givrés qui font des cascades terribles et des blagues dégoûtantes, ou vice versa. Et souvent les deux en même temps. Bref, a priori donc, rien qui ne m'intéresse... 

Sauf que, en 2010, voilà que l'on m'envoie sur le site d'un court métrage SF qui fera définitivement chavirer mon opinion sur ce monsieur. Il réalise à cette époque 30 minutes de poésie émouvante intitulée I'm Here, que je me repasse de temps en temps encore. 




I'm here raconte l'histoire d'un robot parmi tant d'autres, dans une société où leurs droits ne sont pas reconnus - pourquoi le seraient-ils ? Ils sont l'invention de l'homme et ne sont pas sensés avoir d'émotion ou de réelle intelligence. 
Pourtant, dans le monde de Spike Jonze, les robots ont des sentiments, des désirs et des frustrations. Il est étonnant à quel point le réalisateur ressort cette vieille interrogation humaine (et si les robots que nous fabriquions devenaient intelligents au point d'avoir des sentiments et une volonté propre, que ferions-nous ?) d'une manière si touchante et surtout, sans tomber dans le cliché de la domination des machines... 




Au contraire, ici ce sont les hommes qui dominent des machines, les humilient parfois. L'on reconnaît dans cette image la tendance naturelle de l'humain à écraser celui qui est différent : les robots n'ont pas le droit de conduire, on les laisse mourir sur le bord de la route s'il leur arrive quelque chose... Bref, pleines de petites anecdotes qui ne manquent pas de nous rappeler de tristes mais véridiques histoires de racisme ou de sexisme. Spike Jonze a bien cerné la nature humaine... 

L'histoire ne s'arrête pas à ça, par ailleurs. C'est surtout le scénario autour du héros et d'une histoire d'amour qui va peu à peu se développer. Et le héros se comporte exactement comme si nous autres, adultes, découvrions soudain l'existence de l'amour - interdit jusqu'ici.




Je vous invite vivement à aller regarder ce petit bijou de poésie, cela ne vous prendra qu'une demi-heure. Par contre, le site Internet pour le voir bug un petit peu ( http://www.imheremovie.com ) mais vous pouvez le voir sur youtube au cas où cela ne fonctionne pas, juste ici... :




Dans le même genre et si vous avez du temps à tuer, je vous recommande vivement la série Äkta människor, une production suédoise sur le même thème qui a fait un tabac sur Arte sous le nom de "Real humans".